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La terre lieu d’habitation communautaire : village. (Le sens de la terre 5° partie)

mercredi 21 juillet 2010, par Albertine

En Afrique, chaque village est souvent composé d’une communauté, liée par une résidence commune. Il s’articule autour d’un réseau de parenté et de liens d’affinité...

La nostalgie du village

Le village s’articule autour d’un réseau de parenté et de liens d’affinité, dont les membres, forment un camp en commun, collaborent en de nombreuses activités et prennent des repas les uns chez les autres. Les gens s’y sentent fortement solidaires par rapport aux gens des villes. Une profonde affection les attache à leur terre.

Le fait d’être nés et d’avoir été élevés dans un village laisse une nostalgie qui pousse toujours à vouloir y retourner vivre, même si l’on a passé de longues années ailleurs. Les membres d’un village luttent au coude à coude et se soutiennent dans les difficultés : « La famille élémentaire est attachée à la hutte, la maisonnée à l’étable, la famille étendue au hameau, la communauté villageoise à son tertre, et cette dernière est reliée à d’autres communautés par des sentiers » (Evans-pritchard, oc, p139 – 140). Les troupeaux sont souvent des noyaux autour desquels les groupes de parenté se réunissent. Entre les divers membres, les relations agissent et s’expriment à travers par exemple le bétail. La simplicité du milieu resserre les liens sociaux à travers une solidarité écologique. De quoi s’agit-il ?-----

La vie au village

Un seul petit objet travaillé de main d’homme peut être un nœud entre des personnes : une lance qui passe du père au fils par don ou par héritage est un symbole de leur relation. C’est l’un des liens par lesquels elle se maintient. Ainsi les gens font mieux que créer leur situation matérielle et s’attacher à elle ; c’est encore à travers elle qu’ils bâtissent leurs relations et qu’ils s’en font une idée. Comme il n’existe que peu d’espèces d’objets matériels, et peu de spécimens de chaque espèce, ces objets gagnent en valeur sociale, du fait qu’ils servent de support à de nombreuses relations, et qu’ils sont, par voie de conséquence, souvent investis de fonctions rituelles. En outre, les relations sociales, au lieu de se diffuser le long de nombreuses chaînes de liens matériels, se concentrent en quelques très simples foyers d’intérêt, du fait d’une civilisation indigente.

La vie dans le village conduit à des formes de relations bien peu diverses, à un haut degré de solidarité dans les petits groupes locaux et les petits groupes de parenté. C’est ce style de relation que tente de retrouver les éco-villages. Il s’agit d’un ensemble d’habitats de taille humaine, où la priorité est de placer l’homme et le milieu naturel au centre de tous les intérêts. Le défi majeur de chaque éco-village est de créer un milieu harmonieux pour que chaque individu puisse s’y réaliser dans ses qualités et compétences propres, en respectant les autres et la nature. Là, la civilisation matérielle se veut simple afin de favoriser les relations plus humanisantes. Les objets matériels deviennent des chaînes au long desquelles courent les relations sociales. -----

La terre et la vie

Le parcours que nous venons de faire nous montre le lien étroit entre la terre et la vie. La biosphère est considérée comme une entité quasi divine, humaine ou non humaine. A la fois extérieure aux hommes et supérieure à eux, elle peut à la limite être regardée comme leur véritable principe créateur. S’il faut protéger notre terre, la préserver aussi pour les générations futures, c’est au fond parce que la vie dit oui à la vie. Elle est déjà, en nous comme hors de nous, dans le règne animal et végétal.

Sans tomber dans un concordisme absurde, nous allons nous représenter la terre mère comme un espace humain sacré à l’image du sein maternel le plus beau et le plus sacré. Le placenta d’Amma (Dieu) disions-nous est la terre cultivée. Le rite de l’accueil du nouveau-né fait intervenir les éléments de la nature. « A la sortie du placenta, une des femmes qui ont assisté à l’accouchement prend de l’eau dans sa bouche et crache sur l’enfant par aspersion légère. Ici, le placenta signifie centre/noyau (de) terre ; comme si ce noyau de terre, cœur nourricier de l’enfant était, par définition, une parcelle de terre, appelée à intégrer ou à réintégrer la terre. Comment se fait-il que ce placenta-terre soit devenu un lieu de violence indicible ?

Beatrice Faye cic

Mise en forme CEAF&RI