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Mouvement féminin en Afrique : De Mexico à Pékin

dimanche 20 juillet 2008, par webmaster

Le mouvement féminin de lutte pour le respect de droits fondamentaux des femmes africain a commencé dans les années 70, ou plus précisément après la première Conférence Internationale de Nations Unies sur la condition de la femme à Mexico (1975). Les Africaines se sont alors organisées pour porter à l’attention de leurs dirigeants politiques leur désir d’émancipation et d’égalité.

Mots-clés : féminisme, émancipation, égalité, famille, paix, droits

Entre contestation et affirmation

Des groupes des femmes se sont formés dans la plupart des pays africains. Il s’agissait de faire respecter par les pays membres « la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la discrimination à I’égard des femmes ».

Cette assemblée était convaincue que le développement global d’un pays, le bien-être du monde et la cause de la paix, demandent la participation maximale des femmes aussi bien que celle des hommes dans tous les domaines. Le thème choisi fut alors « l’Egalité, le Développement, la Paix ».
Les Africaines se sont alors organisées pour porter à l’attention de leurs dirigeants politiques leur désir d’émancipation et d’égalité. Elles l’ont exprimé selon leurs propres cultures, c’est-à-dire bien souvent de manière modérée et sans extravagance.

Ainsi dans le féminisme à « l’Africaine », note A. B Faye, il n’ y a pas eu de rejet systématique de l’autre sexe, car au quotidien, les femmes ne rejettent pas le pouvoir masculin, elles tentent de se l’approprier. Les Africaines ne cherchent pas à renverser le rôle, mais à rétablir l’équilibre.

En outre, les Africaines se sont surtout alliées à la lutte contre le sous-développement et la domination politique, plutôt qu’à la lutte liée à la différence des sexes. Elles se disaient solidaires des hommes car leurs luttes étaient communes concernant l’indépendance économique et politique. Ce combat politique était considéré comme prioritaire par rapport aux luttes dites « féministes » liées à la différence de sexes.

Ainsi à Mexico (1975), il n’y a pas eu de consensus. Les Africaines, choquées par l’extrémisme du mouvement occidental, ont rejeté « le féminisme à l’occidental ». Elles ont préféré mettre l’accent principalement sur la lutte pour le développement que sur les problèmes liés à leur oppression. Cette oppression relevait, selon elles, de coutumes sur lesquelles se basait leur identité et qu’il ne fallait pas remettre en question. Ainsi, naissait une divergence et une contestation du féminisme occidental en Afrique.

Rappelons ici que ce puissant mouvement des femmes, culturellement marqué, avait secoué l’ensemble des sociétés industrialisées, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Les femmes avaient revendiqué de façon violente leurs droits juridiques et politiques en refusant de toute forme d’exploitation et d’oppression, notamment patriarcale dans la famille. Elles exigeaient le droit au contrôle de leur sexualité et de leur fécondité. En fait, il s’agissait d’une remise en question des philosophies et théories d’origine religieuse, sociale ou politique qui justifiaient le statut inférieur des femmes.

Une divergence qui dure

Cette divergence va durer en Afrique, car entretenue par les hommes qui s’en accommodaient et systématisée par des femmes qui, objectivement, pensaient que ces traditions, ces coutumes, ces préjugés, ces tabous liés à leur condition, étaient si profondément ancrés dans notre inconscient collectif qu’il était impossible de les changer. Mais aussi et surtout qu’ils relevaient d’une volonté divine.

Même si dans son expression, le mouvement féministe occidental était contesté en Afrique, il faut reconnaître qu’il posait des problèmes et des exigences pour les femmes du monde entier. C’est pour cela que malgré cette contestation, il y a eu l’affirmation du féminisme dans les classes moyennes d’Afrique, où les femmes ont exprimé leur désir d’émancipation et d’égalité selon leurs cultures, c’est-à-dire bien souvent de manière modérée et sans extravagance.

Mais l’absence de recherches ou le peu d’utilisation des résultats de la recherche a rendu difficile un vrai débat sur les cultures, les traditions et leur impact dans la condition des femmes. Il a été donc presque impossible de promouvoir des thèmes de lutte mobilisateurs et rassembleurs sur la cause des femmes. Comment changer les mentalités des femmes, et bien sûr des hommes, en l’absence d’analyse et de données empiriques sur leur condition. Ce manque des données n’a pas permis d’asseoir les bases théoriques d’un féminisme africain. D’où la création des associations de recherche sur la condition de la femme africaine.

Au sein du Centre d’Etudes Africaines et de Recherches Interculturelles, il y a tout un département consacré aux études africaines féminines et ce site vise à valoriser les recherches et les actions féminines africaines.

Albertine Tshibilondi