Contribution économique des femmes sénégalaises (II° partie)

Une contribution "silencieuse", discrète

Un grand nombre de femmes sénégalaises se tournent désormais vers des activités qui peuvent avoir un effet sur leur position sociale, participant à l’amélioration des rapports sociaux entre hommes et femmes au sein de leur foyer conjugal. Malgré cela, la contribution de la femme dans le budget familial reste souvent sous silence.

Les femmes contrôlent moins leur argent que les hommes et participent beaucoup aux dépenses familiales de subsistance comme en témoigne cette étude de la Banque mondiale : « les femmes par rapport aux hommes ont moins de chance de contrôler le fruit de leur labeur, ce qui réduit la stimulation à rechercher des activités productives et génératrices de revenu, en dépit du fait avéré qu’un revenu gagné par les femmes est plutôt utilisé pour les besoins de la famille en nourriture, vêtement, santé et éducation »(Banque Mondiale,2001 :1)

Témoignage : apport au budget familial

Cette contribution des femmes est diverse et part de la participation à la dépense quotidienne parfois à une prise en charge totale de celle-ci, aux divers articles achetés pour le domicile conjugal comme en témoigne F.B (47 ans). Les sénégalaises comptons le faire dans "le « sutura » (discrétion) pour pouvoir bénéficier de la bénédiction de nos maris" :

« Parfois quand nous partons en ville, nous achetons beaucoup de choses, surtout les ustensiles de cuisine, la vaisselle que nous achetons seules, les hommes participent rarement dans l’achat de ces articles. Presque tous les ustensiles de cuisine et la vaisselle sont achetés par les femmes. Quand vous voyez un ustensile quelque part en ville, vous n’allez pas dire à votre mari que vous aviez vu un ustensile de cuisine quelque part et vous l’achetez directement. Mais aussi les éléments décoratifs pour la maison sont pour la plupart l’œuvre des femmes. Ainsi, beaucoup de choses dans la maison sont l’œuvre des femmes mais elles ne vont pas les énumérer parce que nous sommes des épouses et nous comptons le faire dans le « sutura » (discrétion) pour pouvoir bénéficier de la bénédiction de nos maris. L’habillement des enfants est souvent acheté par les femmes, parfois dans la construction de leur maison, nous les aidons à acheter quelques sacs de ciment en guise de contribution. Dans notre groupement, nous vendons des téléviseurs, des chambres à coucher, le crédit est étalé en plusieurs mois avec intérêt. C’est moi qui ai acheté le téléviseur qui est chez moi parce que l’autre est tombé en panne ».

Dr Ibrahim Bob