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KAYANDA ! Cri des femmes pour dire STOP à la violence en RD Congo : plus de 25 ans, ça suffit !
samedi 10 décembre 2022, par
En cette Journée Internationale de la Déclaration Universelle des droits humains, les femmes congolaises disent STOP à la violence et lancent leur cri "Kayanda !". Cri d’interpellation et de mobilisation contre la violence qu’elles subissent depuis maintenant 25 ans, à cause d’une guerre d’agression des milices soutenues par le Rwanda et l’Ouganda, profitant du chaos pour le pillage des ressources naturelles de ce riche pays, avec des millions des victimes et des déplacés.
Kayanda !
Un cri des femmes lorsque la vie est bafouée, détruite en temps de guerre. Cri interpellant toute personne de bonne volonté, et les hommes engagés dans ces atrocités à déposer les armes pour la sauvegarde de la vie.
En Afrique, les foyers de guerre sont nombreux et partout, les femmes paient souvent le lourd tribut. Pourquoi alors parler uniquement des femmes de la République démocratique du Congo ? L’ampleur de la tragédie en République Démocratique du Congo et le silence de la communauté internationale posent question. Alors que la guerre d’agression en l’Ukraine fait la une de tous les journaux et les médias, ainsi que la mobilisation de la communauté internationale, l’agression du Congo par ses voisins, notamment le Rwanda avec son soutien au groupe rebelle M23 qui fait ravage dans l’Est de la République, et de l’Ouganda ainsi que tous les pays impliqués dans l’exploitation minière de ce riche pays est un fait ignoré.
Une tragédie vécue à huis clos en RD Congo
La République Démocratique du Congo est un exemple concret de cette tragédie vécue à huis clos. Notre objectif est de relayer la lutte de ceux et celles qui, sur le terrain et ailleurs, essaient de briser ce silence de plomb.
Devons-nous rappeler que la guerre en République Démocratique du Congo est aujourd’hui la guerre la plus meurtrière en Afrique et dans le monde. Les organismes internationaux, dont l’ONU dans le Rapport de ses experts (Rapport mapping) viennent de reconnaître que les ravages de la guerre dans l’Est de la République Démocratique du Congo sont nettement plus dramatiques que ceux du Darfour dont on disait pourtant, il y a quelques mois, qu’ils étaient les plus tragiques du monde.
En 2008, on parlait déjà d’un génocide silencieux qui a fait six millions de morts. Ce nombre est plus élevé aujourd’hui. Le Rapport Mapping des experts de l’ONU détaille ces exactions en citant les pays et les responsables de ce crimes ignobles. C’est bien l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire, non seulement du continent, mais de l’humanité. Les femmes et les enfants sont les principales victimes de ces horreurs.
Destruction de la personne et déstructuration du tissu social
Les conséquences de ces violences sur les victimes et l’avenir du pays sont incommensurables. Est-il nécessaire de rappeler ici le rôle joué par la femme au niveau socio-culturel et économique . Dans l’enlisement économique de la R. D. Congo, la femme joue un rôle important dans l’économie dite populaire ou informelle. Il s’agit d’abord de la destruction des personnes. Les victimes sont atteintes dans leur dignité, dans leur corps, dans leur avenir. C’est l’image même de la femme qui s’effrite, partant c’est tout le tissu socio-culturel qui s’effondre. Un proverbe Woyo dit : « Nsi ya vala, mwana tshiento », littéralement traduit : « La valeur d’un pays, c’est la fille ». Ainsi, violer une femme, c’est humilier tout un peuple. On comprend que beaucoup s’emmure dans un silence intolérable, comme si elles étaient les coupables. Elles voient leur existence hypothéquée, ainsi que celles de nombreuses générations. C’est en fait l’ensemble du pays qui est hypothéqué.
Briser le silence à propos de la violence.
Il convient pourtant de reconnaître que si les violences faites aux femmes en Croatie, par exemple, ont suscité une vaste mobilisation, jusqu’à provoquer la poursuite des coupables par un tribunal international, celles faites aux femmes en Afrique, et en RD Congo, ne connaissent pas la même médiatisation. Il y a comme un silence de plomb qui pèse sur cette souffrance et ce crime contre l’humanité, tant en Afrique qu’en dehors de l’Afrique. Le fait que le viol en Afrique soit devenu une des principales armes de guerre est tellement banalisé que l’on en parle que de manière très épisodique.
A quand l’application du droit international en R D Congo ?
D’où la question que l’on est droit de se poser en cette Journée Internationale des droits humains : à quand le tribunal pour les crimes contre l’humanité en République démocratique du Congo ? A quand la justice pour les femmes congolaises ?
Contact : CEAF&RI