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Egalité des droits entre hommes et femmes : Mythe ou réalité ?
dimanche 5 mars 2023, par
La convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes bien que ratifiée avec des réserves par de nombreux Etats, cette Convention marque un progrès certain du point de vue de la lutte contre les discriminations fondées sur le sexe
La lutte contre les discriminations
Cette Convention comprend des dispositions générales par lesquelles les Etats parties se sont engagés à prendre des mesures pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans toute une série de domaines : la vie politique et publique, la nationalité, l’éducation, l’emploi, la santé, le mariage et la famille.
Cette Convention prévoit également la possibilité pour les Etats d’adopter « des mesures temporaires spéciales visant à accélérer l’instauration d’une égalité de fait entre les hommes et les femmes », c’est-à-dire des mesures d’action positive.
Cette Convention marque un progrès certain du point de vue de la lutte contre les discriminations fondées sur le sexe mais elle comprend tout de même un certain nombre de faiblesses parmi lesquelles on peut relever :
l’absence de dispositions sur les différentes formes de violence contre les femmes,
la faiblesse voire l’inexistence de mécanismes pour sa mise en œuvre et le contrôle de son application (ni droit subjectif ni mécanisme juridictionnel, ce qui empêche la condamnation d’un Etat contractant pour non-respect de la Convention) et
le fait qu’elle a été ratifiée avec des réserves par de nombreux Etats.
Qu’en est-il de la situation de la femme dans le monde ?
Situation juridique de la femme dans le monde
A peu près où que l’on se tourne, on constate que, malgré la ratification par plus de 130 pays de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, les femmes sont encore et toujours discriminées.
Ainsi, si l’on prend quelques données chiffrées de l’an 2000, pour exemple, on constate que :
Plus de 70% des personnes vivant dans l’extrême misère sont des fillettes ou des femmes.
2/3 des 900 millions d’adultes analphabètes sont des femmes.
25 à 50% des femmes ont été victimes de la violence physique ou sexuelle d’un partenaire masculin.
A travail égal, dans tous les pays du monde, le salaire des femmes représente 50 à 80% de celui des hommes.
Les femmes sont discriminées dans l’accès à :
La vie : si l’on pense, par exemple, à l’élimination, au stade de la grossesse ou après la naissance, d’un grand nombre de fillettes en Chine et en Inde, impliquant un déficit de femmes estimé à 100 millions.
L’éducation : dans de nombreux pays, il est considéré comme normal d’envoyer prioritairement les garçons à l’école et de garder les filles à la maison pour travailler. C’est ainsi qu’elles consacrent, dans certains pays, jusqu’à 80% de temps de plus que les garçons aux tâches ménagères.
La santé : ainsi, ce sont près de 600 000 femmes qui meurent chaque année du fait d’une grossesse. Un meilleur accès à des services de santé capables d’effectuer des contrôles de base et d’amener la femme à temps dans un centre équipé en cas de besoin d’intervention sauverait nombre de vies.
La justice : que ce soit par des législations ou par des pratiques qui découragent les femmes d’agir en justice – parce que leur témoignage vaut moins que celui d’un homme ou parce que de victimes elles se retrouvent sur le banc des accusé-e-s – l’accès des femmes à la justice est le plus souvent restreint. Le faible niveau de formation et de revenus qui les caractérise joue ici aussi un rôle défavorable.
Le travail : Là aussi, le faible niveau de formation mais aussi le fait qu’elles doivent avoir l’aval de leur conjoint (il n’y a pas longtemps que l’autorisation maritale pour contracter à été supprimé dans plusieurs pays africains) ou de leur famille pour exercer une profession pénalise les femmes pour l’accès au marché du travail. Elles constituent également une main-d’œuvre beaucoup plus malléable et plus fragile face à des patrons peu regardants sur les conditions de travail de leurs employé-e-s.
L’autonomie : Les femmes sont encore trop souvent considérées comme des mineures aussi bien aux yeux de la loi que de la coutume, dans nombre de pays du monde, ce qui les empêche de décider de leur vie aussi bien en ce qui concerne la vie privée (mariage, enfants, etc.) que « publique » (travail). (Dans les « Enjeux de l’éducation de la femme en Afrique », nous parlons de l’infériorité institutionnelle juridique de la femme).
La protection en cas de conflit : durant la Première Guerre mondiale, une victime sur dix était un civil. Aujourd’hui, une victime sur dix est militaire, les autres étant principalement blessées ou tuées à cause des mines antipersonnel. Dans l’impossibilité de développer tous les types de violations des droits des femmes, il convient de signaler plus particulièrement les aspects liés aux violences faites aux femmes dans les conflits armés où le viol est utilisé comme arme de guerre, notamment en R. D. Congo.
Albertine Tshibilondi
Texte intégral du Protocole additionnel à la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en pdf sur le site de l’Union Africaine
(Publié en décembre 2008)