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La femme pilier du patrimoine culturel

mercredi 21 juillet 2010, par Albertine

Dans son exposé sur la maitrise de l’oralité vers un audiovisuel efficace, Evelyne Brener traite du rôle de la femme africaine et de sa mission de gardienne et transmettrice de la vie et de la culture en Afrique

Amer constat

Nous devons commencer par un amer constat, et pour cela je vais citer le regretté Aimé Césaire : « L’Afrique est victime d’une certaine chosification, d’une situation d’ignorance, de complexe d’infériorité et de subordination a des préjugés. » Cette phrase date de son Discours sur le Colonialisme, en 1950, et nous constatons qu’elle n’a pas vieilli d’un pouce !
En effet, les ressources manquent pour parler de l’Afrique : livres, archives, films, monuments, centres culturels, rituels et rites.

L’Afrique ne se pense pratiquement pas par elle-même,
L’Afrique ne s’écrit presque pas par elle-même ;
L’Afrique ne se préserve pas ;

L’Afrique se sous-traite en matière de construction, restauration et conservation du patrimoine. C’est ainsi que les belles œuvres africaines sont abandonnées, détruites, perdues, oubliées ou conservées sans intérêt sincère hors du continent.

Qu’est-ce qu’un patrimoine culturel ?

Selon l’UNESCO, le patrimoine culturel dans son ensemble recouvre plusieurs catégories de patrimoine.

Le patrimoine culturel matériel comprend :

• Le patrimoine mobilier : peinture, sculpture, monnaies, instruments de musique, armes, manuscrits…

• Le patrimoine immobilier : monuments, sites archéologiques…

• Le patrimoine subaquatique : épaves de navires, ruines et cités enfouies sous les mers…

- Le patrimoine culturel immatériel : ce sont les traditions orales, les arts du spectacle, les rituels...

Lorsqu’on décrit l’Afrique, on ne décrit pas l’Afrique

Pour étudier l’Afrique, l’Africain est obligé d’aller l’étudier ailleurs, hors du continent, le plus souvent en Occident : la majorité des auteurs, des producteurs, des éditeurs, des conservateurs, des bailleurs de fonds, des défenseurs, etc. sont étrangers ou assimilés. En ce sens, souvent, lorsqu’on décrit l’Afrique, on ne décrit pas l’Afrique.
Ainsi que le dit le proverbe, « tant que les lions n’auront pas la parole, les récits de chasse seront toujours à la gloire du chasseur ».
La Renaissance Africaine dépend de la manière dont nous allons protéger notre patrimoine et le transmettre aux générations futures.

La femme naturellement pilier du patrimoine culturel

Je vais traîter du rôle de la femme africaine et de sa mission de moteur, préservatrice, transmettrice de la vie et de la culture en Afrique, un rôle qui lui incombait, un rôle de colonne vertébrale, qu’elle doit se réapproprier.
C’est la femme qui décidait dans l’Afrique ancienne. C’est elle qui orientait la famille et la société ; on voit aussi dans le matriarcat, qui est d’essence africaine, l’importance de la place de la femme de tous les temps ; c’est bien à elle que revient la mission de réaliser les actes fondateurs de la Renaissance africaine.
C’est la maman qui, la première, transmet l’oralité, simplement tout d’abord avec les berceuses qu’elle chante à son enfant. Nous savons qu’en consacrant plus de temps à la famille, elle est le premier vecteur de transmission et d’éducation.

(Extrait de Evelyne Brener "De l’oralité à l’audiovisuel pour la Renaissance Africaine et du rôle de la femme pour cet objectif". 3e Congrès international de la Femme Noire – Kinshasa, 1er décembre 2009. E. Brener est documentariste, secrétaire exécutive de l’association NzoMaKongo).

Mise en forme par l’éditrice du CEAF&RI
21/07/2010