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Faire de l’éducation de la femme une priorité pour développer le Kasaï

dimanche 15 juin 2014, par Albertine

Mansanga consacre son dossier à l’importance de l’éducation de la femme pour le développement du Kasaï. Un dossier qui présente le livre de Albertine Tshibilondi, "Enjeux de l’éducation de la femme en Afrique. Cas des femmes congolaises du Kasaï".

Cinq ans déjà, mais toujours d’actualité

Au cours de l’année 2005, les éditions L’Harmattan, comptent parmi sa collection une énième publication d’intérêt sociologique pour les Etudes africaines, intitulée : « Enjeux de l’éducation de la femme en Afrique. Cas des femmes congolaises du Kasaï ». Elle est l’œuvre du professeur Mme Albertine Tshibilondi Ngoyi, philosophe originaire du Kasaï au Congo-Kinshasa.
Dans la préface de ce volume de 269 pages, Firouzeh Nahavandi constate que : « La République du Congo, comme de nombreux pays africains, a mal à son école. En effet, son système scolaire est fortement délabré. Comme bien souvent, les femmes en sont les principales victimes, alors qu’elles restent la cheville ouvrière du pays ».-----

La démarche en question

Dans sa recherche, l’auteur est partie de trois questions : comment améliorer la situation et le statut de la femme congolaise ? Comment promouvoir une synergie entre Congolais et Congolaises, dans l’égalité et la différence, pour ne pas bâtir un « Congo hémiplégique » ? Comment faire évoluer les représentations et les mentalités ? Sachant, pour reprendre ce proverbe oriental qui lui est cher : « que la société humaine ressemble à un oiseau, avec ses deux ailes : l’une masculine et l’autre féminine. Il ne peut voler que si les deux ailes sont développées de manière égale ».
Considérant par ailleurs, « qu’éduquer une femme c’est éduquer une nation » ; le défi de tout temps, cet ouvrage aura certes trouvé un accueil favorable dans l’opinion. Dans la mesure où il prône la promotion des droits humains, notamment, la parité, la complémentarité dans la réciprocité, le dialogue, et surtout, la dignité de la femme où qu’elle se trouve. Sa vulgarisation est cependant synonyme de reconnaissance de mérite dû à son auteur.-----

A travers cet ouvrage

Fruit d’une longue recherche, l’auteur tente de montrer comment, au cours de l’histoire récente, de la période coloniale jusqu’à la situation politique actuelle, en passant par la longue période du règne de Mobutu, l’évolution de l’éducation de la femme a connu des hauts et des bas, avec finalement une impression générale de stagnation. Toutefois, souligne-t-elle, cette stagnante situation, du moins en apparence, est fortement influencée par le contexte géographique, historique, et culturel (assimilation, intégration ou conservatisme outré de la part du genre masculin).

Enjeux de l’éducation de la femme

Comme on pourra le constater, l’éducation de la femme en R. D. Congo, cas du Kasaï occidental est le sujet dominant de cet ouvrage. Sachant qu’à l’instar d’autres provinces qui composent le Congo, immense pays de plus de 60 millions d’habitants, le Kasaï occidental, avec ses quelques 4 millions d’habitants, se trouve être dépositaire d’une culture traditionnelle consistante. Ceci ne nous empêche pas de dénoncer l’existence d’un conservatisme assombrissant, représenté par quelques pratiques rétrogrades, du reste inacceptables pour notre époque. En guise d’exemple, on citera entre autres, la pratique des mariages précoces ; le mythe du complexe lié au sexe (femme inférieure à l’homme) ; la discrimination à la scolarisation (privilège dévolu aux garçons...).

D’après la même recherche, plusieurs études ont prouvé que le manque d’éducation des femmes est lié aux taux élevés de fécondité, à la forte mortalité infantile, à la faible espérance de vie, au mauvais état de santé et au faible niveau d’éducation des parents. Il serait donc difficile de présager dans un tel contexte un quelconque développement sans l’implication réelle de la femme elle-même d’abord, avec l’apport de l’homme.-----

Enjeux… ou plaidoyer ?

Pour revenir au contenu de l’ouvrage, disons que sa lecture approfondie nous permet de confirmer qu’au-delà des « Enjeux de l’éducation… », tel qu’intitulé, cette démarche militante représente un véritable « Plaidoyer » bien ajusté dans huit chapitres suivants :

1. Genre, éducation et développement ;

2. La femme dans l’univers kasaïen ;

3. De l’éducation traditionnelle à l’école coloniale ;

4. La femme dans le système éducatif moderne ;

5. Education, lieu de pouvoir ? ; 6. Education, lieu de développement ? ;

7. Education et nouvel ordre mental ;

8. Organisations féminines et éducation de la femme au Kasaï.

Conclusion, bibilographie sélective-----

Une étude de cas

Pourquoi avoir limité un sujet d’une telle importance à l’unique cas de la province du Kasaï occidntal ? Comme pour rejoindre la vision de Michel Leiris reprise par F. de Boeck : « Rien n’est plus vrai que le concret. C’est en poussant le particulier jusqu’au bout qu’on atteint le général, et par le maximum de subjectivité qu’on touche à l’objectivité ». Le pragmatique l’en emporté sur le général s’en explique l’auteur. - Sans en effet oublier que la problématique du genre ou de l’éducation de la femme, est vécue de la même manière dans les deux Kasaï, voire dans l’ensemble de la RD. Congo et du monde. Il s’agit, comme le note l’auteur, d’une cause commune pour les femmes, mais qui diffère en intensité selon le contexte.-----

Extraits choisis

- la situation juridique et matrimoniale ;

- De l’éducation traditionnelle à l’école coloniale (entre tradition et modernité) ;

- la discrimination des filles dans le système éducatif moderne ;

- la mission éducative des associations féminines au Kasai.

Bien entendu ces extraits ne représentent qu’un petit résumé de 269 pages, témoignant le bagage intellectuel exceptionnel de cette dame qui fait la fierté du Grand Kasaï.

On comprendra à cet effet que l’espace réservé à la rubrique « dossier » dans ce petit journal ne peut contenir tous ces chapitres, si ce n’est que de se contenter de ces quelques extraits…Ce qui provoquera la soif pour se procurer ce volume qui est toujours en stock aux Editions L’Harmattan et dans toute bonne librairie. Il est également possible de le commander via le journal Mansanga

Mansanga, Bimestriel d’information pour le Centre International d’Etude Luba, mai-juin 2010. Jacques Kabongo Mubalamata, éditeur