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Cohabitation interculturelle au Bénin. Poids des préjugés ...

samedi 24 janvier 2015, par Albertine

Dr Gaston Ogui Cossi, béninois, est enseignant à l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest (UCAO/UUA) à Abidjan. Il aborde la question cruciale du vivre ensemble entre les différentes ethnies (Yoruba, Baatonu, Fons) au Bénin. Découvrez les exigences d’une cohabitation pacifique pour une nouvelle fratrie...

Présentation du livre

Gaston Ogui Cossi, Cohabitation interculturelle au Bénin. Poids des préjugés ethniques et quête de la paix, Paris, L’Harmattan, 2014.

Détails de l’ouvrage

S’il fallait synthétiser en un mot les circonstances d’émergence de la quête de sens qui va aboutir à la rédaction de cet ouvrage, nous choisirions volontiers le vocable constat. En effet, tout est parti d’un constat que nous formulons en quelques propositions : au Bénin, la question du vivre-ensemble occupe une place de choix dans les relations interpersonnelles. Tandis qu’il est habituellement tissé d’amitié, d’entente et de cohésion entre Yoruba et Baatonu, il l’est moins entre ces deux peuples et les Fon. En effet, dans ce second cas de figure, il est loisible d’observer des tensions, des crises voire des conflits.

Instrumentalisée par des hommes politiques, particulièrement aux moments des élections, la situation entre les diverses communautés culturelles au Bénin rend l’édification d’une conscience nationale, sinon impossible, du moins très ardue. Toutefois, dans ce pays, la situation n’a rien d’une fatalité ni d’une fixation comme semble la décrire notre constat de départ.

En vérité, bien souvent, la rivalité interculturelle cède le pas à la rivalité intra-culturelle et devient même plus tragique. Par contre, l’amitié intra-culturelle dispose à l’amitié interculturelle qui devient le creuset d’un vivre-ensemble pacifique, épanoui et fécond au-delà de l’ethnie. D’où cette question qui occupe toute notre recherche : quelle valeur accorder, dans ce pays, à la notion d’ipséité (le même) et d’altérité afin que le même ne soit pas la clôture mais l’ouverture de l’être et la différence, son espace d’épanouissement et de fécondité ?-----

Résultat de l’enquête sur le vivre ensemble au Bénin

L’enquête sur la cohabitation entre Yoruba-Baatonu et Fon nous a permis de comprendre que le vivre-ensemble au Bénin comporte autant d’atouts que de pesanteurs pour l’édification d’un nouvel ordre national. De cette enquête, nous retenons essentiellement que :

- Les tensions d’hier comme celles d’aujourd’hui sont essentiellement l’héritage du passé, et dans la mesure où nous ne voulons ni nous enfermer, ni enfermer l’autre dans le passé, il paraît possible de transcender ces tares de l’histoire pour envisager l’avenir avec beaucoup plus de vérité et de sérénité.

- Le retour au passé n’étant pas l’idéal à envisager, suggérer un recours conséquent aux valeurs qui ont façonné nos peuples et nos cultures pourraient servir de levier dans notre souhait de construire un nouvel ordre social épanouissant pour tous.

- Le positif dans l’alliance peut constituer non seulement un mécanisme fiable de gestion de conflit mais également d’un vivre-ensemble au-delà des limitations claniques.

- Le respect de l’autre dans l’alliance qui va de paire avec le respect de la vie peut constituer des lieux de la revalorisation du patrimoine africain en matière de gestion de conflits.

- La construction d’une société interculturelle suppose acquis les fondamentaux du vivre-ensemble dans l’alliance que sont la justice, la fidélité, la confiance en l’autre, l’assistance réciproque …-----

Conclusion

En somme, cette étude nous a permis de dégager des constantes que nous pouvons ainsi synthétiser :

- la cohabitation interculturelle peut être positive (Yoruba et Baatonu) ou négative (Yoruba et Baatonu d’un côté et Fon de l’autre) ; elle est négative à cause des guerres, des préjugés ou clichés sur les ethnies, de la méfiance, des manipulations par le politique, le religieux ou le social ; elle est positive à cause de la confiance, de l’alliance, de l’absence de préjugés, de clichés ou de manipulations.

- la rivalité et l’amitié intra-culturelles exige que soit reconsidérée la question du vivre-ensemble au Bénin ; à ce titre, l’amitié intra-culturelle peut être saisie comme une "ouverture", mieux, une "disposition" à l’amitié interculturelle.

- la différence culturelle n’est pas en soi un obstacle à la cohabitation pacifique des cultures ; elle a simplement besoin d’être gérée avec vérité, respect et justice.

Dans le souci de la construction d’une société interculturelle, les cultures africaines, en général, et béninoises en particulier, gagneraient à se purifier aussi bien du complexe de supériorité que de celui de l’infériorité. Afin qu’advienne le nouvel ordre social édifié sur la nouvelle fratrie, tout homme est invité à œuvrer pour que toute culture soit respectée dans sa différence et spécificité comme lieu propre de l’épanouissement de l’humain.

Livre disponible aux éditions L’Harmattan

Gaston Ogui Cossi, UCAO/UUA

adresse : Gaston Ogui

Mise en forme éditrice CEAF&RI

Contact : CEAF&RI